Partager la publication "Réussite sportive : les vertus de l’effort"
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Souvent oubliée au sein de notre société moderne, la notion de l’effort associé à la réussite s’applique encore plus en termes de résultats sportifs. Chacun peut placer le curseur où il le souhaite, mais la progression à vélo ou dans le triathlon passe forcément par un certain degré d’implication.
Par Jean-François Tatard – Photos : DR
Commençons par les paroles d’une chanson qui nous trotte souvent dans la tête ces temps-ci : « Le spleen n’est plus à la mode, ce n’est pas compliqué d’être heureux…», et pourtant, l’entends-tu, ma chère Angèle, cette incompréhension des plus anciens ? : « De notre temps, il fallait travailler dur pour mériter la soupe » ! Une rhétorique pas totalement infondée, dans le sport comme ailleurs. Traduite d’une autre façon, elle veut dire qu’aujourd’hui le succès se confronte très souvent au fait qu’il soit nécessaire de produire un effort avant d’atteindre le résultat voulu. En effet, l’esprit moderne est paradoxal : on voudrait gagner et réussir sans faire d’effort ! Et pourtant, ils seront tous d’accord, les coachs ! Tous, ils font de ce dernier paramètre le déterminant prioritaire du succès. Mais alors, comment réhabiliter l’effort et l’exigence pour nous engager physiquement et psychologiquement ?
Le succès se confronte très souvent au fait qu’il soit nécessaire de produire un effort avant d’atteindre le résultat voulu.
Les représentations personnelles des causes du succès et/ou de l’échec
Quand nous demandons aux champions à quoi sont liés leurs succès ou leurs échecs, assez généralement, ils vont les associer à quatre causes :
- L’apprentissage (stable et interne)
- La difficulté de la tâche (stable et externe)
- L’effort (instable et interne)
- La chance (instable et externe)
Il s’agit bien d’une perception subjective, et ce n’est pas forcément la réalité mais en définitive, peu importe. Car la représentation qu’ils se font de la cause de leurs succès ou de leurs échecs sera déterminante par la suite dans leur attitude mentale ainsi que pour leur niveau d’engagement et de persévérance.
Coup d’œil sur la perception de la cause en fonction des caractères de chacun
Si on faisait deux camps, les optimistes attribueraient leur réussite à des causes internes et stables : « Mon succès est le fruit de mon travail » et leurs échecs à des causes externes et instables : « Pas de chance, le hasard a fait que cela tombe aujourd’hui ». Mais de façon vertueuse, cette attitude va leur permettre de se convaincre à persévérer.
Quant aux pessimistes, ils ont tendance, à associer leurs échecs à des causes internes et stables : « Je suis nul » ; et leurs succès à des causes externes et instables : « Coup de chance ». Cette attitude est à proscrire car, elle incitera rapidement et plus souvent à l’abandon.
La bonne attitude
De façon à vous engager dans un processus de persévérance, et de façon à optimiser vos chances de succès, l’attitude qu’il faudrait en fait privilégier serait d’attribuer votre réussite et votre échec à la seule cause interne et instable mais contrôlable : l’effort !
Et celui-ci est subjectif ! L’effort ne se rationalise pas ! Ce n’est pas un concept scientifique ! Et selon la définition, l’effort renvoie au sens de travail, de fatigue et de volonté. Mais si on demande à chacun de le définir et de situer son niveau limite d’acceptation, il y aura autant de points de vue que d’individus. Alors, cet effort souvent physique de prime abord ne peut pas être dissocié de l’effort mental qui le sous-entend.
Quelle limite à l’effort ?
Tout est une question de perception. L’effort comprend une dimension subjective et une sensation très intime de comment est vécue la pénibilité. Néanmoins, elle prend une dimension objective lorsqu’on l’associe à des sensations de douleurs physiques qui sont descriptibles. Et c’est cette dimension qui doit justement être prise en compte dans ce qu’elle a de singulier à chacun. Et la limite est franchie lorsque la pénibilité prend le dessus sur l’action de contrôle. Ainsi, le coureur cycliste ou le triathlète doit pouvoir prendre paradoxalement en compte ses ressentis pour ajuster chaque répétition, indispensable à l’automatisation de la gestuelle technique la plus parfaite et au développement de sa propre condition physique. En pratique, il ne s’agit pas de se débarrasser hâtivement de la tâche, ou de faire de l’abattage. Cette grande attention apportée à la posture, le relâchement, les appuis, la respiration doit permettre d’être encore plus efficace dans l’apprentissage.
Nous sommes favorables à une exigence d’implication dans la durée, associée à de la méthode et de l’attention.
Il est pourtant de coutume de dire que « la perfection est la répétition du geste ». Néanmoins, il faut s’adapter en fonction de ses sensations. Ainsi, nous sommes favorables à une exigence d’implication dans la durée, associée à de la méthode et de l’attention. Donc de la concentration ! Donc de la disponibilité intellectuelle !
Le rôle du coach
Les coachs tiennent un rôle crucial à tous les niveaux. Mais le succès est encore plus en lien avec ce que le sportif est prêt à consentir comme effort pour réussir. Et en réalité le coach, son boulot, n’est que d’aménager les conditions d’émergence des réussites de son athlète et de le guider pour qu’il atteigne le sommet. SON sommet ! Ainsi, à court terme, le rôle du coach sera de permettre au sportif de prendre du plaisir à rouler et à courir, de mesurer ses progrès, de réussir, d’expérimenter différentes techniques, de se confronter à des adversaires et des environnements variés. À moyen terme, c’est de l’aider à donner du sens à son engagement, à mettre en évidence des progrès avérés et ainsi à entretenir la motivation. À long terme, c’est de l’aider à choisir, en l’aidant à définir des objectifs et des sous-objectifs et au fil de l’eau, à planifier les étapes de son projet.
=> VOIR AUSSI : Vélo ou triathlon, devez-vous prendre un coach ?
Pour conclure…
Dans l’inconscient collectif, nous associons l’effort à la volonté. Au dépassement de soi. À une concentration des forces physiques et/ou intellectuelles, en vue d’atteindre le but. Pourtant si le concept d’effort est une récurrence chez les coachs, les scientifiques, eux n’en parlent jamais. Mais alors, la question : peut-on encore demander aux jeunes de faire des efforts pour réussir dans ce cas-là ? Et l’affirmer serait avouer qu’il est possible de réussir sans rien faire. Ce serait quand même, admettez-le, irresponsable (et d’ailleurs mensonger) ! Alors, l’idée ici, dans ce papier, est d’associer trois variables dans une équation magique :
- Le temps
- L’énergie
- La méthode
L’effort est la seule chose qui vous permet de persévérer pour atteindre un projet personnel, à la fois ambitieux et réalisable. Et enfin, si le vélo ou le triathlon sont souvent associés à la pénibilité, nous aimerions rappeler que ces sports sont aussi pourvoyeurs d’un cadre de socialisation spécifique caractérisé par des sorties, des déplacements, des relations amicales et plus généralement jalonnés par des réussites et des moments de plaisir intense et de joie incommensurables !
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