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Parmi les méthodes qui peuvent aider à améliorer l’efficacité du coup de pédale, on trouve des outils étonnants mais ingénieux comme le vélo Perfec’Thor de Bruno Thoreau. Une machine qui dispose de deux transmissions de chaque côté du vélo, et totalement indépendantes l’une de l’autre. Le but : vous forcer à pédaler des deux jambes de la même manière et à effacer les points morts. Verdict sur la route.
Par Guillaume Judas – Photos : 3bikes.fr
À la suite d’un accident et pendant les longs mois consacrés à sa rééducation, Bruno Thoreau a cherché le meilleur moyen de retrouver tout son potentiel. Et d’un outil de rééducation, il a ensuite fait de son Perfec’Thor un concept d’entrainement à part entière. Grâce à son invention, l’Angevin a ainsi pu gagner de la puissance et de l’efficacité en course et sur les épreuves contre la montre pour lui-même. Après avoir trouvé le moyen de produire son vélo en série (sans parler encore de grande série, bien entendu), il s’est décidé à le commercialiser. Pour les routiers et triathlètes, l’intérêt technique et physique est évident. Les deux transmissions indépendantes du vélo obligent à décomposer les quatre phases essentielles du pédalage (la poussée, la tirée, et les deux points morts haut et bas) avec chaque jambe, et donc à progresser au niveau musculaire et en termes de coordination.
S’il suffit en effet de pousser alternativement sur les deux jambes pour faire tourner les manivelles d’un pédalier et faire avancer le vélo, pédaler avec efficacité en utilisant toute la circonférence du tour de pédalier est une autre affaire. Avec un pédalier classique, le mouvement insufflé par la jambe qui pousse dissimule l’inefficacité de celle qui est censée tirer la pédale, ou pire, dont le propre poids freine la poussée de la jambe active. De même, grâce au mouvement circulaire et à l’inertie du geste, les deux points morts sont escamotés, mais pas pour autant éliminés.
Avec un pédalier classique, le mouvement insufflé par la jambe qui pousse dissimule l’inefficacité de celle qui est censée tirer la pédale, ou pire, dont le propre poids freine la poussée de la jambe active.
Longtemps on a cru que le travail en pignon fixe aidait à améliorer le coup de pédale, avec le pédalage en force induit par un braquet identique quelle que soit la pente, ou une vélocité forcée dans les parties descendantes. Mais si le pignon fixe sur piste est un excellent exercice physique pour le cardio, le placement et la stratégie, il n’aide en rien dans le travail de l’efficacité du pédalage, car il permet à la jambe de remonter toute seule et aux points morts d’être entrainés par le mouvement de la roue arrière.
Les systèmes comme le Perfec’Thor de Bruno Thoreau font exactement l’inverse. Ils interdisent tout mouvement d’entrainement d’une jambe par son opposée, et obligent à travailler musculairement et techniquement chaque phase du pédalage. Nous parlons des systèmes, car le principe n’est pas totalement nouveau. il y a une quinzaine d’années, nous avions déjà découvert le pédalier PowerCranks, un appareil de musculation et d’amélioration de la technique de pédalage, qui se compose de deux manivelles désolidarisés avec une sorte de système de roue libre entre les deux parties du pédalier. En cas de faiblesse d’une jambe, celle-ci retombe ou ne peut suivre le rythme de l’autre jambe. Il s’agit, comme pour le Perfec’Thor d’un pédalage de type « unijambiste », mais soit alternativement, soit en même temps, une jambe n’entrainant jamais l’autre. Assez lourd, le PowerCranks a l’avantage de ne conserver qu’un système de transmission du côté droite du vélo, ce qui permet de conserver un (ou deux) dérailleur(s), ce qui n’est pas le cas du vélo de Bruno Thoreau. En revanche ce pédalier a l’inconvénient d’augmenter sensiblement l’écartement des pieds par rapport au cadre, ce qui peut dans certains cas occasionner des blessures, sachant que la musculature et les tendons sont fortement sollicités. Un désagrément que n’a pas le Perfec’Thor, même si nous avons noté cependant un léger décalage de distance entre les deux manivelles par rapport au cadre (de 8 mm).
Le principe
Le Perfec’Thor est un vélo d’entrainement, et à ce titre, n’a pas vocation à être transformé. À la différence du pédalier PowerCranks qui peut se monter sur tous les vélos. Cette exclusivité a d’abord permis à Bruno Thoreau de rester raisonnable dans ses choix de matériaux et d’équipement. Ce vélo dispose d’un cadre en aluminium, solide et rigide, et peint à la demande. Il reçoit des pattes arrière de piste, une roue arrière spéciale avec un pignon sur roue libre de chaque côté, une chaîne mono-vitesse KMC de chaque côté aussi, et enfin une partie de pédalier avec plateau de chaque côté encore. Le brevet déposé par Bruno Thoreau se loge dans la boîte de pédalier, avec un axe désolidarisé entre les deux parties du pédalier, et qui permet à chaque transmission d’être indépendante.
Avec ce vélo, il est ainsi possible de pédaler d’une seule jambe, l’autre restant accrochée à la pédale, mais ballante. Il est possible aussi de pédaler avec les deux jambes jointes dans un même mouvement. Mais c’est bien sûr en essayant d’adopter un pédalage normal que les choses deviennent difficiles, mais intéressantes, d’abord sur le plan du travail musculaire et articulaire (dans le cas d’une rééducation ou d’une recherche de renforcement musculaire par exemple), et ensuite sur le plan technique.
Mais il est important avec le Perfec’Thor de bien choisir son développement (le même de chaque côté bien sûr) en fonction de son niveau, et surtout de bien adapter les parcours. La seule vitesse disponible est en effet le principal reproche que l’on puisse faire au système par rapport au PowerCranks.
Pour le reste de l’équipement et afin de limiter les coûts, nous sommes en présence d’une roue arrière P2R en alu à bâtons, d’une roue avant en alu de 43 mm (les deux sont très solides mais relativement lourdes), de leviers de freins Shimano 400, de freins Miche, d’un cintre et d’une potence Zoom Alu, d’une selle Bassano Mission 3 et de pneus Michelin Dynamic Sport. Des accessoires éprouvés dans le milieu du fixe notamment, solides et rigides et qui ont pour vocation de durer. Le vélo complet dépasse les 10 kg, mais il doit surtout être vu comme un appareil d’entrainement à utiliser pendant la période hivernale, ou pendant la saison une ou deux fois par semaine en rappel des exercices déjà réalisés. Car si les premiers tours de roues sont assez difficiles, la technique finit par rentrer, et la mise en jeu de certains groupes musculaires délaissés permet de sentir une efficacité en progression une fois la reprise du vélo classique.
Sur la route
Les premiers kilomètres sont déstabilisants, même si on comprend très vite que pour avancer il va falloir rester concentré et d’abord commencer par décomposer mentalement le geste parfaitement circulaire nécessaire pour un pédalage harmonieux. Il est quasiment impossible de se mettre en danseuse sur la première sortie, mais ce n’est pas totalement inenvisageable avec un peu de pratique.
Le vélo est maitrisable à peu près sans à-coup sur le plat ou sur une longue montée régulière. Avec le braquet de 46/16 proposé ici, c’est d’ailleurs sur ce dernier terrain qu’il est le plus « confortable », car on peut adopter une cadence de pédalage autour de 60-65 tours par minute qui permet de ne pas s’emballer et de conserver le geste. Par contre, cela devient beaucoup plus difficile en cas de rupture de pente, de vent dans le dos, ou de faux plat descendant, où il est impossible de suivre le rythme.
Clairement, on cherche un changement de vitesse, pour conserver un coup de pédale arrondi et surtout pour se soulager. Car très vite on ressent aussi des pressions inhabituelles au niveau de l’assise, car on met plus de poids sur la selle. Reste la solution de pratiquer de temps en temps la méthode de l’unijambiste, même légèrement debout sur les pédales et sans problème d’équilibre, pour décontracter un peu sous les fesses.
Au niveau du geste technique en lui-même, on comprend aussi l’intérêt de disposer d’un bon recul de selle sur son vélo. En effet, avec une position légèrement trop avancée comme sur ce vélo d’essai, le point mort bas parait beaucoup plus compliqué à arrondir qu’avec une position plus reculée. C’est un peu comme le geste d’un rameur : en se positionnant derrière les rames, il lui est plus facile d’effectuer un mouvement circulaire et harmonieux, notamment lors des changements d’appui que s’il devait passer les rames sous la perpendiculaire des épaules. Ici c’est pareil, même si on sait que de nombreuses études posturales ont tendance à beaucoup avancer les cyclistes pour effacer le point mort haut, c’est le point mort bas qui en pâtit. Nous pouvons le vérifier avec le Perfec’Thor et ses deux transmissions indépendantes : pour bien pédaler et tourner « rond » (car ici il est impossible de tricher), il vaut mieux être légèrement en arrière.
La première séance est bien entendu éprouvante. Il en faut plusieurs pour commencer à bien rentrer le geste dans la tête, et à renforcer psoas, ischio-jambiers, fessiers, abdominaux et muscles lombaires, mais aussi le jambier antérieur devant le tibia. Des muscles souvent « oubliés » au moment du travail spécifiques, mais très intéressants pour améliorer l’efficacité et produire plus de watts à l’effort.
Et sur le long terme ?
Pour avoir travaillé avec le PowerCranks, nous connaissons déjà les bénéfices de ce type de travail : une meilleure coordination gestuelle et un pédalage plus efficace avec notamment une vélocité plus naturelle. Le Perfec’Thor produit les mêmes effets. Il peut s’utiliser sur une période, mais aussi ensuite en guise de rappel tout au long de la saison. Plus simple, plus solide, plus facile d’entretien, il possède les avantage d’une transmission à mono-vitesse. Mais il en possède aussi les inconvénients. À moins de voir tout de suite plus gros au niveau du braquet pour les athlètes entrainés. L’investissement demeure conséquent, mais pas si déconnant par rapport au tarif de certains home-trainers, capteurs de puissance, ou roues carbone de dernier cri.
THOREAU CYCLES CONCEPTS PERFEC’THOR |
NOTE : ***** Les + : concept original, système efficace pour l’entrainement, brevet déposé, simplicité et robustesse du vélo Cadre : FRM 28 Alu D44 Prix : 1790 € |
Contact : Thoreau Cycles Concepts |
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