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Présenté au printemps et utilisé par Egan Bernal (Team Ineos) pour remporter le Tour de France en juillet, le Pinarello Dogma F12 est l’un des vélos de référence du moment en haut de gamme. Dans sa version à freinage à disque, c’est une machine ultra technologique, rapide et efficace, avec même un bon confort de roulement.
Par Guillaume Judas – Photos : 3bikes.fr / DR
Le Dogma F12 s’inscrit dans la lignée du F8 (présenté en 2014) et F10 (présenté début 2017), dont il reprend – en les optimisant encore – le profil aérodynamique et l’asymétrie des tubes. Avec une intégration presque totale des gaines ou durites de frein, il suit la tendance actuelle et s’affirme comme l’un des vélos les plus désirables du moment.
C’est grâce au Dogma F8 que Pinarello entrait dans une nouvelle ère il y a cinq ans, avec l’un des cadres les plus économes de l’époque face au vent et en même temps l’un des plus polyvalents pour les parcours accidentés voire montagneux. Un vélo qui a séduit au moment de sa sortie aussi bien les coureurs pros du Team Sky que de nombreux cyclosportifs. Le Dogma F10 évoluait ensuite sur quelques détails aérodynamiques mais se montrait surtout un petit plus rigide latéralement.
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Le F12, enfin, arrive avec une intégration supérieure (avec un poste de pilotage dédié), des tubes aux arêtes un peu plus marquées et aux formes un peu plus torturées, une asymétrie pour contrer les forces exercées du côté de la transmission encore plus visible, et une compatibilité avec des pneumatiques de plus grosse section. Mais tout en utilisant toujours les mêmes fibres de carbone que les deux modèles haut de gamme précédents, des Torayca T1100 1K Dream Carbon with Nanoalloy Technology.
Il en résulte un poids qui ne bouge pas beaucoup, autour de 6,8 kg pour la version à patins et autour de 7,5 kg pour la version à disque (complet). En optant pour des roues Fulcrum Racing Speed elles aussi au catalogue au lieu des Zipp 303, il aurait été possible de gagner presque 200 g. Sans être un poids plume (mais cela n’a jamais été le point fort des Pinarello), le Dogma F12 Disk n’est donc pas loin des vélos « légers » de la catégorie.
Ce modèle haut de gamme est toujours proposé en 13 tailles différentes, ce qui est presque un record.
Encore au-dessus du F12 existe le F12 Xlight (à patins ou à disque) qui permet de gratter encore quelques dizaines de grammes, mais en commençant d’abord par… s’abstenir de peinture ! Seule une version en noir mat est effectivement proposée, alors que 9 coloris sont disponibles avec les F12 et F12 Disk et sans compter sur le programme de personnalisation My Way, où beaucoup de variations sont possibles. Et ce modèle haut de gamme est toujours proposé en 13 tailles différentes, ce qui est presque un record.
Attention toutefois pour ceux qui possèdent déjà un Pinarello : la nouvelle compatibilité avec les pneus de 28 rehausse légèrement le Stack (différence de hauteur entre le centre de la boîte de pédalier et la partie la plus haute du cadre, au niveau de la douille de direction) par rapport aux F8/F10, ce qui oblige à en tenir compte au moment du réglage du poste de pilotage.
Équipement : que du haut de gamme
Cinq montages différents sont proposés au catalogue, que ce soit dans la version patins ou la version à disque. Campagnolo Super Record 12 vitesses EPS ou mécanique, Shimano Dura-Ace 11 vitesses Di2 ou mécanique, et Sram Red eTap AXS. Autour de ces groupes très haut de gamme, on a le choix entre 7 paires de roues en patins et 6 en disque (Campagnolo Bora WTO, Fulcrum Racing Zero, Wind 40, Racing Speed, Zipp 303 et Lightweight Meleinstein). Les prix s’étendent de 9 610 à 18 060 € (avec roues Lightweight) à patins, et de 10 220 à plus de 19 000 € avec un freinage à disque. Pour être plus pragmatique, notre vélo de test est équipé en Sram Red eTap AXS à disque avec des roues Zipp 303 et est proposé au prix catalogue à 13 160 € avec le guidon Talon Ultra, la selle Most carbone et des pneus Pirelli. Mais il débute dès 12 190 € avec des roues Fulcrum Racing Zero. Notons que pour une question de logique esthétique, il n’est pas possible d’acquérir chez Pinarello un F12 en Shimano ou en Sram avec des roues Campagnolo.
Dans l’équipement, il faut tenir compte du prix du guidon monobloc Most Talon Ultra, qui fait partie intégrante du concept global du F12, avec des gaines, fils ou durites qui cheminent entièrement à l’intérieur pour la version à disque, depuis les leviers de frein, en passant par le pivot de fourche. C’est esthétiquement magnifique et parfaitement fini, en plus du gain aérodynamique obtenu en épurant l’avant du poste de pilotage.
Contrairement à d’autres solutions concurrentes, le choix d’un guidon d’un seul bloc interdit le réglage en inclinaison du cintre. Aussi bien l’angle de la potence que celui du bas du guidon dépendent de l’angle de la douille de direction (et donc de la taille du cadre). Cependant, il est toujours possible de monter un poste de pilotage classique sur le F12, mais comme les gaines passent obligatoirement par l’intérieur de la douille de direction, il faut ajouter une bague de rehausse spécifique sous la potence pour l’entrée des câbles.
Il faut noter également qu’en tant que marque très haut de gamme, Pinarello fournit autant que possible ses vélos avec des braquets, manivelles et poste de pilotage aux cotes demandées. Oui, c’est de notre point de vue le minimum, mais pas toujours respecté par la concurrence, sauf arrangement spécial avec le revendeur.
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Un prix qui s’envole
Cet équipement ultra sélectif va avec un prix de vente qui s’est envolé en cinq ans, avec une augmentation de 25 à 30 % entre le haut de gamme de l’époque et celui de maintenant. Une fuite en avant justifiée par les marques par des technologies améliorées. Mais pour quel bénéfice ? Avec le groupe Sram Red eTap AXS à disque, le F12 gagne un freinage plus sécurisant dans certaines conditions et un douzième pignon à l’arrière. Mais il s’alourdit de 700 g environ, est beaucoup plus compliqué en termes de maintenance et perturbe le roulage par diverses bruits de frottements du freinage et de la transmission.
Une transmission qui semble moins fluide au niveau de l’enroulement de la chaine et du rendement en général qu’en 11 vitesses. Quant à l’aérodynamisme, Pinarello communique sur un gain de 8 watts à 40 km/h entre le F12 Disk et le F10 Disk, mais il est vrai que ce dernier n’était pas optimisé pour le passage à ce type de freinage. On sait par ailleurs que le freinage à disque offre une résistance à l’air supérieure de 3 à 7 watts selon l’angle du vent par rapport au freinage à patins. Un « coût » à peine amélioré par l’intégration des gaines dans le poste de pilotage.
Le F12 Disk se révèle fort désirable pour ceux qui rêvent de matériel dernier cri.
Au final, le F12 Disk est un vélo qui offre toutes les dernières évolutions de l’industrie du cycle, et qui se révèle de ce fait fort désirable pour ceux qui rêvent de matériel dernier cri. Mais il ne révolutionne pas non plus totalement la pratique, comme peut le faire un vélo hybride par exemple.
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Sur la route
Heureusement, quelques sorties sur route suffisent à lever le doute sur l’efficacité du Dogma F12. Pinarello parle d’une rigidité latérale améliorée de 10 % entre le F12 et le F10. S’il nous est impossible de le vérifier chiffres à l’appui, ni même en termes de performance pure sur le terrain, nous remarquons d’abord une compacité de l’ensemble du vélo encore supérieure par rapport au F10. Cela se traduit par une impression d’unité vraiment complète entre l’avant et l’arrière du vélo. La partie avant ne bronche pas d’un poil lors des relances énergiques ou des montées en force, avec un guidon monobloc vraiment rigide et qui semble faire totalement corps avec la douille de direction et la fourche.
L’arrière suit sans paraitre à la traîne, ce qui permet même d’oublier le léger surpoids induit par le freinage à disque. Le Dogma F12 est un vélo de compétition rigide, mais il se montre vif et réactif ce qui le rend agréable en roulant à des vitesses habituelles d’entrainement. Mais c’est évidemment en prenant de la vitesse que le vélo donne le meilleur de lui-même. S’il se montre ferme sous la pédale, il est loin d’être inerte grâce à la rigidité globale comme on l’a vu plus haut. Il suffit d’un peu de condition physique pour lui faire prendre de la vitesse, qu’il maintient ensuite aisément grâce à ses qualités de roulement générale. On retrouve de nouveau la fameuse identité Pinarello, avec des vélos qui paraissent toujours bien posés sur la route et avancer parfaitement en ligne.
Dans les bosses, il peut se montrer un peu dur à manier dans les forts pourcentages, non pas à cause de ses 7,5 kg qui sont presque insensibles grâce à l’efficacité d’ensemble, mais plutôt en raison de la rigidité du poste de pilotage, et de l’absence d’effet « ressort » de la machine quand on ne pédale pas d’un geste totalement harmonieux et coordonnée. Ce qui n’est pas le cas dans les longues montées abordées au train, où le vélo là encore reste bien en ligne.
Les relances à haute vitesse ou les sprints lancés ne le déstabilisent pas d’un iota. C’est un vélo de pro hyper stable et qui ne semble jamais se désunir sous une pédalée énergique. On apprécie aussi la fermeté de sa direction, ainsi que la sensation de sécurité induite par la tenue de route et de cap de l’ensemble. Bien qu’efficace dans le vent – c’est en tout cas l’impression qu’il donne au regard de la vitesse affichée sur le compteur – il reste sensible au vent latéral avec ses roues de 45 mm de haut et les disques de frein, surtout à l’avant. C’est une machine de compète qu’il faut bien tenir.
Des roues justement qui sont particulièrement larges avec une largeur externe de 29,9 mm. Montées avec des pneus Pirello PZero Vélo en 700×25, ceux-ci sont en réalité mesurés à… 29 mm de large ! Inutile à notre avis de mettre plus gros, même si le vélo accepte des pneus de dimension supérieure. Sur le plan aérodynamique, Il faut dans l’idéal que la largeur de la jante soit de 5% supérieure à celle du pneu selon Zipp. On y est. Ce montage « généreux » a au moins l’avantage d’offrir une bonne adhérence, mais surtout un confort de roulement assez étonnant, même avec un gonflage légèrement au-dessus de 7 bar (nous sommes avec des pneus de 700×25, rappelons-le). Le vélo fait certes ressentir les gros chocs, mais il ne rebondit pas, dissipe correctement les petites vibrations, et se montre finalement plus confortable que le F10.
Un vélo hors norme
À plus de 13 000 €, le Pinarello Dogma F12 Disk est un vélo hors norme à tout point de vue. Sur le papier, il fait payer très cher sa débauche de technologie, entre le cadre étudié dans les moindres détails pour l’aérodynamisme, le poste de pilotage profilé et intégré, les 12 pignons et le freinage à disque, mais de manière plus pragmatique le choix qu’il offre entre 13 tailles de cadres et 9 couleurs.
Une technologie parfois discutable en termes de rendement pur si on s’en tient par exemple au freinage à disque et aux 12 vitesses. Un Dogma F12 à patins et en 11 vitesses est aujourd’hui encore plus léger et à notre avis plus efficace dans le vent.
Reste un comportement globalement toujours fabuleux sur le plat, en descente et sur les bosses roulantes, comme l’ont toujours permis les Pinarello depuis plusieurs générations. Ce qui rend le Dogma F12 Disk à la fois addictif et attachant, dès lors qu’on a pu mettre assez de sous de côté pour s’offrir un vélo qui est un peu plus qu’une bête de course.
PINARELLO DOGMA F12 DISK |
NOTE : ***** LES + : Rendement, sécurité, rigidité, tenue de route, confort pour ce type de machine CADRE : Dogma F12 Disk carbone Toyayca T1100 1K, technologie nanoalliage PRIX : 13 160 € |
CONTACT : pinarello.com |
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