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Ascension inédite du dernier Tour de France, la montée de Foix Prat d’Albis, escaladée le 21 juillet dernier lors de la 15e étape, a révélé le Français Thibaut Pinot en possible successeur de Bernard Hinault au palmarès de la Grande Boucle. N’ayant jamais posé nos roues sur cette pente, nous sommes partis sur les traces du coureur de la Groupama-FDJ pour découvrir cette mystérieuse ascension, sauvage et exigeante.
Par Pierre-Maxime BRANCHE. Photos : 3bikes.fr
Lorsqu’il se dressa sur ses pédales et largua tous les favoris du classement général, dont le futur vainqueur colombien Egan Bernal, Thibaut Pinot réveilla dans tous les cœurs des Français, l’espoir d’un vainqueur bleu blanc rouge sur les Champs-Élysées et d’un possible successeur à Bernard Hinault. Déjà vainqueur la veille au sommet du mythique Tourmalet, le coureur de Marc Madiot s’évertua, dans le brouillard et sous les averses, à rattraper un précieux temps perdu quelques jours plus tôt dans une satanée bordure. Surtout, il s’affirma en véritable prétendant à la victoire finale.
Chez 3bikes.fr, cette montée nous a intrigués. De passage quelques jours cet été en terre ariégeoise, du côté de Pamiers, il ne m’en fallut pas plus pour jouer de la manivelle, bien accompagné par quelques cuissots du coin, et découvrir cette mystérieuse grimpette.
Mais que fait le Conseil général ?
De notre côté, c’est un grand soleil aoûtien qui nous a accueillis à Foix, préfecture du département de l’Ariège, qui compte un peu moins de 10 000 habitants (9 721 au dernier recensement en 2014), soit l’une des plus petites préfectures de France. C’est même la deuxième ville du département après Pamiers, sa sous-préfecture.
L’ascension ne démarre pas depuis le centre-ville. Après avoir admiré le château et être passé devant la Mairie, prenez à gauche au rond-point pour emprunter l’avenue Lakanal (D21), puis bifurquez sur votre gauche sur la rue Raoul Lafagette où vous pourrez admirer la jolie Chapelle de Notre Dame de Montgauzy (ci-dessus). Un peu plus haut dans la même rue, le « Prate d’Albisse », comme cela se prononce, s’annonce. Un panneau du Conseil général informe d’une pente moyenne de 6,5 % et d’un pourcentage maximum de 9 %. Autant vous le dire tout de suite : n’y croyez pas une seule seconde ! Certains passages atteignent les 14 voire 15 % selon nos données. À se demander où et comment ces informations ont été récupérées.
La montée du Prat d’Albis en 3D ICI
De forts pourcentages
La route monte doucement depuis le centre de Foix et le premier kilomètre à partir du panneau sert encore d’échauffement, avec un peu moins de 5% de moyenne. Dès la sortie de la ville, la chaussée se rétrécit, le revêtement est granuleux et ne s’améliorera pas jusqu’en haut. Très vite, la végétation est dense, même si l’on peut apercevoir pendant un moment les antennes du sommet. Un leurre en réalité puisque le sommet de l’ascension se trouve encore plus haut derrière, invisible depuis ces premiers kilomètres.
Les choses sérieuses commencent ensuite avec 6% de moyenne sur 2 km puis un 4e km à plus de 10% de moyenne et de courts passages à plus de 14%, notamment dans une épingle à droite. La route serpente. À travers les feuillages, on se voit s’élever rapidement au-dessus de Foix.
Après ce difficile 4e km, la pente s’adoucit à 7,5 % de moyenne avant une légère descente en « S » qui permet de relâcher les quadriceps et réoxygéner les muscles. Profitez en pour boire un coup, vous rafraîchir si le mercure et la température corporelle grimpent. Un nouveau kilomètre à plus de 10% de moyenne s’annonce avec de nouveaux passages à 13 et 14%. Faites l’effort, ce sont les derniers moments difficiles de la montée.
Chevaux, vaches et moutons
Après une grande épingle à gauche, le 7e km marque un changement brutal d’environnement. Finie la végétation, la vue se dégage sur Foix et son château.
Durant 3 km, la pente de 6-7 % est gommée par la beauté du paysage. D’un côté l’Ariège et au loin le pays toulousain ; de l’autre, les sommets pyrénéens.
Nous ne sommes pas seuls. Chevaux, vaches et moutons nous accompagnent sur la route. Ils sont chez eux et ne s’inquiètent pas de votre passage. C’est d’ailleurs plutôt à vous d’adapter votre trajectoire. En effet, le Prat d’Albis constitue, avec le site d’Urola Erdia au Pays basque, l’une des deux zones d’expérimentation du système de clôture virtuelle du projet de collaboration franco-espagnol « e-pasto ». L’objectif est de permettre aux éleveurs de localiser et d’interagir à distance avec leurs animaux tout en respectant l’écosystème et les différents usagers de l’estive.
800 m de dénivelée positif
Les deux derniers kilomètres, à 5% puis 3%, s’effectuent facilement. Après 11,5 km d’ascension, le plateau herbeux du Prat d’Albis apparaît.
Une grande étendue vierge de toute construction ou presque : seule une petite maison de pierre se dresse un peu plus haut. Le jour de notre escapade, les chevaux et moutons, bien plus nombreux que les cyclistes courageux, lézardaient dans les prés, paisibles. Notre route s’arrête au panneau annonçant les 1 205 m d’altitude du Prat d’Albis.
Foix étant située à un peu moins de 400 m d’altitude, cette grimpette propose tout de même un joli dénivelée positif de 800 m environ (depuis le centre de Foix). Des pentes que les plus costauds pourront effacer sur un 39-25 sans souci, avec cependant un pignon de réserve de 28 dents. Les autres doivent prévoir un petit plateau de 36 dents maximum pour être à l’aise, et de grandes dentures à l’arrière pour tourner les jambes. Avec un 34 à l’avant, c’est l’assurance tous risques.
ILS ONT GRIMPÉ LE PRAT D’ALBIS AVEC NOUS
Damien, triathlète, 33 ans.
« C’est une belle montée, pas trop longue. J’apprécie que la pente soit irrégulière, que l’on parte du centre de Foix, donc depuis un environnement urbain et que l’on se retrouve rapidement sur une route pas trop large, sauvage, qui offre dans sa partie haute de beaux points de vue et où les voitures soient assez rares. C’est une ascension où il faut régulièrement relancer en danseuse, le terrain s’y prête. Après le panneau de départ, le premier kilomètre est assez facile, puis on se retrouve vite dans un segment de 4 km compliqués. Sur les pentes les plus difficiles, je mets tout à gauche, mais ces passages ne sont jamais bien longs. Je pense qu’il y a quand même du 12 ou 13% à certains endroits, même s’ils ne sont pas annoncés sur la pancarte officielle. Une fois au-dessus des arbres, la route s’élève beaucoup moins, on peut tomber deux voire trois pignons. Sur le dernier kilomètre, il est même possible de repasser le gros plateau. Les pentes et les allures sont variées, c’est pour ça que c’est un effort qui me plaît. »
Jean-Pierre, cyclosportif, 64 ans.
« Le Prat d’Albis est une montée que je connais bien, je la prends environ trois fois par an depuis une petite quinzaine d’années. J’aime cette ascension car elle offre de nombreuses occasions de relancer pour reprendre un peu de vitesse. Elle n’est pas monotone. Les six premiers kilomètres sont difficiles, mais changeants et c’est ça que je trouve très agréable. Il y a un peu de tout : des lignes droites et des virages en épingle, des pourcentages et des pentes plus douces, beaucoup d’arbres dans la partie basse puis de beaux panoramas dégagés. Dans les passages difficiles, je monte sur un 34×28, tranquillement, en essayant de mouliner sans forcer. Ensuite, je bascule sur le 25 et le 23 dents. J’essaie surtout d’en garder sous la pédale car après les 6 km, la pente est moins dure. À cet endroit, la vue sur Foix est magnifique. Je pourrais rouler plus rapidement sur la première partie, mais je pense que je ne serais pas capable de relancer sur la fin. Je préfère avoir une accélération progressive. Mais attention, même si c’est plus roulant, la fin est fatigante quand même. Depuis Foix, le bitume n’est pas parfait, il est très granuleux, mais je trouve que ça ajoute au charme bucolique de cette montée de 11 km, une mi-distance parfaite pour moi, ni trop longue, ni trop courte. Après, on sait que tout dépend du programme de la journée : si tu ne fais que ça, le Prat d’Albis, ça passe bien ; si tu t’es tapé déjà deux ou trois cols et que tu te finis dessus, c’est plus dur… Aujourd’hui, je l’ai grimpé en 51 mn en gérant bien mon effort, c’est mon meilleur chrono. Dans le coin, j’aime aussi le Port de Pailhères et, à l’inverse, je ne suis pas fan de la montée de Beille, où tu es toujours en prise sans possibilité de relâcher ou relancer. L’exercice me convient moins qu’ici. »
Cyril, cyclosportif, 47 ans.
« J’ai monté le Prat d’Albis à deux reprises. La première fois en début d’été et la seconde mi août, à chaque fois dans de très bonnes conditions d’ensoleillement. Pour le moment, c’est une ascension que j’ai encore du mal à appréhender. Je trouve les quatre premiers kilomètres vraiment difficiles, c’est une partie qui me demande un gros effort et qui m’entame pour le reste de l’ascension. Je dois mettre tout à gauche, je grimpe avec un 34-28, mais même avec ce braquet, je pédale en force. Il me faudrait peut-être un pignon de 30 pour pouvoir tourner un peu plus les jambes. Une fois sorti de la partie entre les arbres, on profite d’une belle vue sur les alentours de Foix, on croise des chevaux ou des vaches en estive. Ça t’aide à oublier la douleur. Même si la pente devient moins raide, je me sens en difficulté car j’ai dû me mettre dans le rouge dès les premiers kilomètres. Ce n’est vraiment pas ma montée préférée, car j’y laisse trop de forces pour le moment pour véritablement profiter des derniers kilomètres. »
EN BREF Départ : Foix Département : Ariège (09) Route : D421 Distance : 11,8 km (sortie de Foix) Altitude d’arrivée : 1 205 m Dénivelée positif : 765 m Pente moyenne : 6,9 % (selon nos données) Pente maxi : 15,3 % (selon nos données) Massif : Pyrénées centrales Passage du Tour de France : 1 (2019, victoire du Britannique Simon Yates, Mitchelton-Scott) Crédit photo : ASO / TDF2019 |
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