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Dans cette rubrique CQFD (« Ce Qu’il Fallait Démontrer »), nous répondons à vos interrogations, voire à vos préjugés concernant la pratique du vélo ou du triathlon. Des questions simples, mais des réponses pas forcément si évidentes pour les novices ou pour ceux qui sont étrangers à notre milieu.
Vous êtes inscrit à votre premier triathlon et vous vous interrogez sur l’intérêt d’une combinaison pour la partie natation ? Pour tous les formats et pour les athlètes de tous les niveaux, sachez que le port d’une « néoprène » se justifie à plus d’un titre. Explications.
Par Pierre-Maxime BRANCHE. Photos : Orca et Christophe Guiard
Si vous débutez dans le triple effort, de nombreuses questions matériel se posent pour chaque discipline. Et si vous vous êtes déjà rendu sur une épreuve pour accompagner famille ou amis, vous avez forcément remarqué cette armée de pingouins qui se présente au départ natation dans cette espèce de combinaison intégrale inconfortable, hyper serrée, qui moule le moindre petit centimètre carré de corps et petit bourrelet. Certains semblent très mal à l’aise une fois rentrés (de force !) dedans, d’autres paradent avec comme une seconde peau. Mais la plupart du temps, hormis quelques irréductibles, extra-terrestres ou originaux, tous les athlètes au départ la revêtissent et, si vous discutez avec eux, aucun ne se verrait s’élancer sans.
Parfois obligatoire, parfois interdite
En effet, pour différentes raisons, le port d’une combinaison est quasi obligatoire pour les triathlètes de tous les niveaux. La natation en triathlon est spécifique car elle se déroule en milieu naturel : canal, plan d’eau, lac, mer, océan… Ce cadre est important car la température de l’eau impose ou pas le port d’une combinaison en néoprène. La réglementation 2019 de la Fédération Française de Triathlon stipule à ce sujet que, pour une eau dont la température est inférieure à 16°C, la combinaison est obligatoire. Au-delà de 21,9°C (distances XS à M) et 24,5°C (distances L à XXL), elle est interdite. Conclusion, pour une température d’eau entre 16°C et 21,9°C ou 24,5° (selon le format de votre épreuve), c’est vous qui choisissez. Mais alors, si on a le choix, pourquoi porter une combinaison néoprène ?
Une protection thermique avant tout
Si elle est aujourd’hui devenue un véritable outil de performance, la combinaison néoprène est originellement une protection contre le froid. Même en nageant à bonne intensité, le corps se refroidit vite dans l’eau. C’est donc sa première fonction : permettre à votre corps d’évoluer dans un confort thermique convenable, quelle que soit la distance de natation à parcourir, et notamment sur longue distance. D’une part, l’épaisseur de la matière (néoprène + jersey) vous isole de la fraîcheur de l’eau ; d’autre part, malgré un ajustement extrême (si elle est à la bonne taille), votre combinaison va laisser passer un léger filet d’eau entre la matière et votre corps. Au contact de votre peau, l’eau va monter en température, aider à l’isolation de votre corps pour maintenir l’équilibre thermique et ainsi retarder une possible situation d’hypothermie. Ce maintien de température a un autre bénéfice : limiter la dépense énergétique (voir par ailleurs) puisque l’organisme est aidé dans sa lutte pour une bonne température interne.
Améliorer votre flottabilité
Hormis pour les hommes poissons, l’eau n’est pas le milieu naturel de l’homo sapiens. Selon notre expérience, nos capacités, notre entraînement et notre génétique, nous n’avons pas tous la même façon de nager, notamment en termes de position dans l’eau et de flottabilité. Du fait de la densité des corps, certains flottent, pendant que d’autres coulent ! La flottabilité est pourtant l’un des critères les plus importants pour être plus efficace dans le geste et donc plus performant au niveau du chronomètre. Cela se joue surtout sur toute la partie inférieure du corps, du bas-ventre jusqu’aux mollets : plus une combinaison sera épaisse, plus elle vous permettra de maintenir vos jambes vers la surface, et meilleure sera votre position de nage.
La combinaison néoprène permet, dans une certaine mesure, de gommer vos défauts, d’être plus efficace
Par incidence, ce moindre effort pour maintenir une position horizontale dans l’eau sera aussi un gain d’énergie pour la partie natation, mais aussi en perspective du vélo et de la course à pied. Enfin, pour être efficace, le geste du crawl demande une très bonne technique qui, au fil des minutes, se dégrade. Un mauvais mouvement correspond à des efforts en plus pour avancer, donc à une dépense énergétique plus importante, donc à l’arrivée précoce de la fatigue. La combinaison néoprène permet, dans une certaine mesure, de gommer vos défauts, d’être plus efficace qu’avec un simple slip de bain, et donc de repousser l’arrivée de la fatigue. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que, chez les professionnels, les bons nageurs préfèrent lorsque la combinaison est interdite car cela permet de créer de vrais écarts en révélant les niveaux, alors que le port de la combinaison les nivèle.
Optimiser votre hydrodynamisme
À la veille de la course, vous aurez beau traquer le moindre petit poil récalcitrant sur la totalité de votre corps (ce qui entre nous relève déjà de l’exploit !), votre peau ne sera jamais aussi hydrodynamique que le revêtement néoprène d’une combinaison. D’autant plus si vous avez investit dans un néoprène de très haute qualité en matière de souplesse, de légèreté et qui affiche un revêtement Super Composit Skin reconnu pour ses qualités hydrophobe et anti-friction. Bien plus lisse que votre peau, une combinaison améliore donc considérablement votre glisse en réduisant les frictions dans l’eau et votre traînée hydrodynamique, pour un gain de vitesse indéniable. Sur longue distance, ce gain se compte en plusieurs minutes, ce qui n’est pas négligeable pour les premiers comme pour les derniers… Une vraie peau de requin ! Ou de requinou, c’est selon.
Limiter la dépense énergétique
On l’a vu, le port d’une combinaison permet de limiter la dépense énergétique à plusieurs niveaux : d’une part en aidant votre corps à préserver son équilibre thermique ; d’autre part, en améliorant votre flottabilité et donc en gommant vos défauts pour être plus efficace et repousser la fatigue ; enfin, en optimisant votre hydrodynamisme pour gagner en vitesse. Le tout, pour un effort moindre ! Additionnés, ces gains marginaux ne sont pas à négliger : toute l’énergie préservée vous permettra d’aborder les deux autres disciplines avec plus de lucidité et de mieux gérer votre effort. Vélo puis course à pied, la route est encore longue.
Se donner confiance
C’est à la fois une raison qui justifie le port de la combinaison, mais c’est aussi et surtout une conséquence. Dans un parc à vélos, lorsque le speaker annonce une heure avant le départ la température de l’eau, les visages se tendent. Quand le port de la combinaison est officiellement autorisé, ces mêmes visages se détendent. Hormis pour les bons nageurs, la combinaison est une assurance, une garantie, un gage de confiance. Chez les triathlètes, la partie natation est le plus souvent la discipline la plus redoutée. Être en »combi », c’est passer moins de temps dans l’eau, avaler la distance plus facilement pour passer à autre chose plus rapidement. C’est se protéger et se rassurer dans le cas d’un départ de masse, souvent déstabilisant voire oppressant. C’est être certain de flotter, même si le geste n’est pas maîtrisée ou que la fatigue arrive vite. C’est perdre moins d’énergie si le départ a lieu dans l’eau et que l’on n’a pas pied. C’est une source de chaleur si l’eau est froide et que l’on est frileux. C’est aussi l’impression d’appartenir à une communauté, de faire partie de la même aventure, avec ses défis personnels et ses propres peurs. Ce peut être enfin un outil de concentration. Car lorsqu’elle est enfilée et que la fermeture éclair est fermée, vous savez que les secondes sont comptées.
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