Partager la publication "Pourquoi les cyclistes se rasent (ou s’épilent) les jambes ?"
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Dans cette rubrique CQFD (« Ce Qu’il Fallait Démontrer »), nous répondons à vos interrogations, voire à vos préjugés concernant la pratique du vélo ou du triathlon. Des questions simples, mais des réponses pas forcément si évidentes pour les novices ou pour ceux qui sont étrangers à notre milieu.
Les cyclistes et triathlètes sont connus et reconnus pour se raser ou s’épiler les poils des jambes. Une pratique qui se répand d’ailleurs dans de nombreuses autres disciplines sportives. Nous vous expliquons pourquoi.
Par Guillaume Judas – Photos : pxhere.com/3bikes.fr
Beaucoup de cyclistes sportifs se rasent les jambes (les femmes comme les hommes) sans savoir exactement pour quelle(s) raison(s). Il y a d’abord – et c’est sans doute la première motivation – l’impression d’intégrer une communauté. Dans un groupe de cyclistes sportifs, qu’ils soient compétiteurs ou non d’ailleurs, l’intrus c’est le poilu des guiboles. Personne ne refusera de rouler en compagnie d’un cycliste avec des poils aux jambes, mais il sera pour le moins regardé de travers. Le mollet glabre fait partie de la panoplie, au même titre que le cuissard ou la socquette à la bonne hauteur. Point.
Une justification esthétique propre au vélo depuis des décennies, et devenue une sorte de tradition, qui a pu faire se gausser de nombreuses générations d’homophobes qui reliaient cette absence de poils avec un prétendu manque de virilité. Heureusement, le monde évolue, et même les footballeurs aujourd’hui se rasent les jambes, voire le torse. Mais ce qui est plus drôle en revanche, c’est cette forme d’égocentrisme rapportée aussi aux jambes rasées, et si possible affûtées : une manière pour le sportif d’afficher son niveau de préparation et d’implication, aussi bien en termes de kilomètres effectués à l’entrainement que de privations à table. Dans le milieu du vélo, avoir des jambes aux muscles bien saillants (et donc plus visibles sans poils) c’est « faire le job ». Autrement dit être sérieux. Les cyclistes se regardent beaucoup les mollets surtout s’ils sont fins et secs, mais ils sont souvent les seuls à qui ça plait. Les spectatrices sur le bord de la route préfèrent physiquement les footballeurs. Et si on ne trouve aujourd’hui plus seulement des femmes qui fantasment sur des hommes poilus, les études sont partagées pour ce qui concerne la virilité des sportifs, et donc des cyclistes. Un entrainement raisonnable ou « modéré » selon les termes serait excellent pour booster la libido, alors qu’un entrainement trop intense la réduirait au contraire. Vous êtes sûrs ?
Pour éviter les infections
Cependant, le rasage des jambes pour les compétiteurs tout du moins a surtout une autre raison : en cas de chute, avec les inévitables brûlures sur la peau lorsque l’épiderme entre en contact avec le sol, le fait de ne pas avoir de poils facilite les soins. Ces poils peuvent être porteurs de quelques germes, et une fois collés sur la plaie, ils la rendent surtout plus difficile à nettoyer et plus longue à cicatriser. Un pansement colle moins bien sur une peau poilue, et vous avez droit à une épilation gratuite à chaque changement de compresse. Bon, ça c’est pour la théorie, car nous devons avouer ne jamais avoir chuté avec des poils.
Pour faciliter les massages
Ce qui pousse d’autres sports lorsqu’ils sont pratiqués à haut niveau à nous emprunter le rasage des jambes, c’est le passage régulier entre les mains du kiné. Et ce dernier (ou cette dernière) n’aime pas du tout en règle générale tripoter, frotter et masser longuement des jambes poilues, surtout lorsque les athlètes s’enchainent sur sa table. Les huiles ou crèmes utilisés glissent et pénètrent moins bien à travers la peau. Ceux qui préfèrent l’électrostimulation pour la récupération pourront aussi en témoigner : les électrodes collent moins bien et s’usent plus vite avec des poils. Moralité : le cycliste rasé prend aussi soin de sa récupération.
Pour l’aérodynamisme
Vraiment ? Et si le gain de performance était vraiment la seule raison valable pour se raser les jambes… et les bras, puisque c’est aussi une pratique désormais courante chez les cyclistes et triathlètes. On savait déjà que le rasage intégral (tout le corps) permettait de gagner environ 2 % d’aérodynamisme dans l’eau pour les meilleurs nageurs. C’est loin d’être négligeable à haut niveau quand les médailles se jouent au centième de secondes. Mais les chiffres sont encore plus parlants sur le vélo, et pour une vitesse de 40 km/h : le rasage des jambes permettrait de gagner 70 secondes en moyenne sur une heure, et celui des bras 19 secondes supplémentaires, selon une étude réalisée en soufflerie par Specialized en 2014.