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Avec un cadre et une conception dessinés pour fendre l’air, le Wilier Cento10NDR aurait pu être un vélo exclusif pour rouler vite sur le plat. Sa compatibilité avec les gros pneus, son système d’amortissement arrière Actiflex et une géométrie redressée auraient pu le rendre seulement confortable. Mais avec sa double compatibilité pour les deux systèmes de freinage, il est aussi tout cela à la fois.
Par Guillaume Judas – Photos : Sylvain Pigeau – 3bikes.fr
Le Cento10NDR est une sorte de vélo hybride au sein de la gamme Wilier. Un vélo moderne qui bénéficie d’un profil aérodynamique et d’une superbe intégration des fils de la transmission électronique et des durites de freins à l’intérieur de la douille de direction et des tubes, mais aussi d’options qui favorisent le confort comme le système d’amortisseur du triangle arrière, la compatibilité avec des pneus jusqu’à 32 mm de section et une géométrie pour une position légèrement relevée.
Pourtant, la première chose qui frappe sur le Cento10NDR, c’est sa double compatibilité avec les freins à disque ou à patins. À l’heure où l’on peut encore se poser la question de l’intérêt des freins à disque, vous n’êtes pas obligé de choisir définitivement au moment de l’achat du kit cadre (3800 € avec la tige de selle et le poste de pilotage). Il peut en effet être concilié avec des freins à disque avec des axes traversants et des rotors de 160 mm ou des étriers de freins Direct Mount avec des blocages rapides. À l’avant, la fourche est prévue pour les deux types de montage, avec les systèmes de fixation adéquats, et à l’arrière un arceau en aluminium vient prendre la place de l’étrier de frein à patins pour rigidifier les haubans dans le cas du choix des disques. Les pattes de fixation pour les roues avant et arrière sont également spécifiques et interchangeables pour chacune des deux options.
Le système d’amortisseur à l’arrière
Si ce n’est pas tout à fait une nouveauté dans le domaine (voir l’essai du Trek Madone, ou encore du Lapierre Xelius), Wilier a développé son propre système d’amortisseur à l’arrière, ou plus exactement de dissipation des vibrations, avec une liaison en élastomère entre le tube de selle du triangle principal et les haubans. Disponible en trois niveaux de densité, avec trois couleurs différentes pour les reconnaître, ce fameux élastomère permet de régler le système nommé Actiflex pour donner quelques millimètres de flexion au triangle arrière de la meilleure façon possible en fonction du terrain et du poids de l’utilisateur, mais sans toutefois interférer sur la rigidité latérale du cadre. Un élastomère qui possèderait selon Wilier d’excellentes propriétés mécaniques et une très haute résistance, avec une plage de fonctionnement de -40 à +150°C.
Un cadre dérivé du Cento10AIR
Le Cento10NDR est un cadre qui a par ailleurs de fortes ressemblances avec le Cento10AIR, le modèle dédié à la pure compétition avec des tubes aérodynamiques développés selon les algorithmes Naca. Et tout comme le 10AIR, les tubes du 10NDR profitent du concept Kamm Tail, avec une queue tronquée, de manière à diminuer le poids tout en augmentant la rigidité en torsion, sans modifier l’efficacité aérodynamique. Cadre très haut de gamme, le Cento10NDR est composé de différents types de fibres de carbone, avec des fibres MR60H (module élastique de 60 tonnes/mm2) pour la rigidité et la légèreté, ainsi que des fibres T800H (module élastique de 30 tonnes/mm2) et T700SC (module élastique de 24 tonnes/mm2), pour la solidité et une certaine forme de souplesse. Wilier y ajoute un film viscoélastique nommé SEI entre les différentes couches de fibres de carbone pour augmenter la résistance à l’impact et l’absorption des vibrations.
Les six tailles proposées profitent du concept Balanced Design, qui en d’autres termes offre des sections de tubes différentes selon les tailles afin de proposer des qualités dynamiques identiques quelle que soit la taille du vélo. Une conception également exploitée par d’autres marques, comme par exemple Specialized avec le Venge.
C’est d’ailleurs au niveau de la géométrie que le Cento10NDR se distingue particulièrement des autres moutures haut de gamme chez Wilier, avec pour chaque taille de cadre une douille de direction rehaussée et un tube supérieur raccourci par rapport à un 10AIR par exemple, de manière à proposer une posture du cycliste plus confortable, mais qui reste dans l’esprit Grand Tourisme du vélo.
La boîte de pédalier très large qui s’appuie sur le bas d’un tube diagonal imposant traduit la volonté de rigidité latérale d’un cadre par ailleurs pas vraiment léger, puisqu’annoncé à 1190 g. Rien à dire en revanche en termes de finition, avec cinq couleurs proposées dont la fameuse finition Ramato même si la partie mate de notre modèle d’essai n’est pas évidente à nettoyer.
Le poste de pilotage maison se compose d’un cintre et d’une potence indépendants qui intègrent les câbles, pour ensuite les faire cheminer à l’intérieur de la douille de direction, avant de les rediriger à l’intérieur des tubes du cadre. Des entretoises spécifiques placées sous la potence permettent un réglage de la hauteur dans une certaine mesure sans toucher au montage interne.
Mais dans le cas d’une transmission mécanique et du choix du freinage à patins, les câbles cheminent alors en partie à l’extérieur, grâce aux caches dissimulant la compatibilité du cadre avec ces systèmes. Pour le coup, c’est avec ce montage très haut de gamme en Shimano Dura-Ace Di2 à disque que le Wilier Cento10NDR est le plus fluide visuellement et le plus aérodynamique.
Seule la tige de selle finalement tranche un peu avec la pureté de ces lignes, puisqu’avec son diamètre de 27,2 mm et son système de fixation on ne peut plus classique à collier, elle est surtout destinée à préserver un peu de confort.
Confortable et facile d’accès
Le montage très haut de gamme dont nous bénéficions pour le test du Cento10NDR en Shimano Dura-Ace Di2 Disc et roues Mavic Ksyrium Pro Carbon UST à 10 300 € n’est pas le seul proposé, loin de là, puisque les tarifs pour un vélo complet débutent à 4 750 €, et qu’en Shimano, Sram ou Campagnolo, 26 variantes sont disponibles.
À 7,870 kg en taille S sans pédales, il n’est pas vraiment léger, mais comme c’est le cas de beaucoup de vélos à disque, en plus équipés comme ici de pneus de grosse section de 28 mm.
Heureusement, les tubeless Mavic associés aux excellentes roues Ksyrium en carbone tirent partie de très bonnes qualités de roulement, et d’une adhérence super rassurante, en plus de participer au confort du vélo.
Avec un profil plus haut que le modèle à patins (32 mm contre 25), les Ksyrium sont ici un excellent compromis pour affronter le vent mais aussi les dénivellations. Dans cette configuration, le vélo pêche légèrement en termes de nervosité, mais il s’avère très agréable en roulant au train, avec une sensation de facilité propre aux vélos italiens et à Wilier en particulier. Aisé à lancer, le Cento10NDR roule sans que l’on ressente le moindre frottement, et la vitesse acquise est ainsi facile à entretenir. Une sorte d’inertie positive, mais en survolant les irrégularités du bitume.
Rigide latéralement, il ne plie pas lorsqu’on joue du braquet et accepte les montées en force sans donner l’impression de se désunir. Le confort est assuré aussi bien par le triangle arrière qui absorbe bien les chocs, permettant à la roue arrière de rester collée au sol sans effet de rebond, que par les pneus tubeless de 28 mm. Nous pouvons y ajouter la qualité du groupe avec les leviers hydrauliques identiques à la version pour patins, la précision du Di2 et l’excellente cassette 11-30, dont l’étagement permet de conserver le grand plateau presque partout tout en maintenant une cadence de pédalage idéale. C’est en augmentant nettement la vitesse que le Wilier marque le pas par rapport à des vélos dits de compétition, comme le Factor One par exemple. D’abord à cause des braquets (et le plateau de 50), ensuite parce que son comportement devient un peu plus flou dans les descentes rapides avec un revêtement varié. Dans ces conditions, l’Actiflex à l’arrière, les pneus de 28 et la position du buste un peu plus relevée lui font perdre un peu de précision.
Même si nous avons l’habitude de vélos plus incisifs et portés vers la performance pure, il faut bien admettre que le Cento10NDR apporte un surcroît d’aisance à basse vitesse, et de plaisir lorsque la grande forme n’est pas spécialement au rendez-vous. Pour les allures d’entrainement habituelles, c’est un compagnon de route idéal, facile d’accès et pas bridé latéralement, qu’on se surprend même à imaginer sur des terrains encore plus cassants qu’un simple bitume de campagne. Pavés ou chemins, il doit pouvoir donner satisfaction avec des pneus jusqu’à 32 mm de section. Il ne faut pas croire qu’il est pataud pour autant. Et c’est là toute la réussite de Wilier avec ce vélo à l’allure fluide, épurée, qui ne distrait pas avec des bruits parasites (en dehors de quelques frottements des disques), et qui s’accommode des vitesses de train soutenues tant en conservant confort et efficacité. La vraie définition d’une pratique cyclosport en réalité.
WILIER CENTO10NDR |
NOTE : ***** LES + : confort, fluidité, facilité d’accès, compatibilités des types de freinage et des pneus CADRE : monocoque carbone 60TON
PRIX : 10 300 € |
CONTACT : www.wilier.com |
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