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Lorsque tu es le fils d’un champion, il n’est jamais simple de réussir à se faire un prénom. Pourtant le destin de Mathieu Van der Poel semble se fixer sans prendre en compte ce genre de considération. Le prodige du cyclo-cross moderne se distingue à tel point qu’on en oublierait même que son grand-père aussi était une des plus grandes stars que le cyclisme ait connu. Il est le nouveau champion du monde.
Par Jean-François Tatard – Photos : DR
Dans un championnat du monde de cyclo-cross, être l’ultra favori ne se concrétise pas forcément par une victoire. Tu peux avoir dominé toute la saison et manquer le seul vrai rendez-vous qui compte… Néanmoins être là le jour J c’est souvent la marque des très Grands !
Champion du monde (enfin !)
Après avoir assommé l’intégralité de la saison de façon presque insolente, le jeune Néerlandais Mathieu Van der Poel a dominé la seule course qu’il faut vraiment gagner pour s’imposer comme le meilleur au monde. La course pour le maillot arc-en-ciel. Il était pourtant l’indiscutable grand favori de l’épreuve qui se déroulait au Danemark. Toon Aerts, le vainqueur de la coupe du monde et Wout Van Aert, le triple champion du monde, n’ont pas pu faire grand chose face à la suprématie et à la démonstration de classe et de technicité hors du commun du petit fils de Raymond Poulidor.
Le talent de Van der Poel n’a d’égal que les prouesses qu’il réalise sur son vélo. Aussi passionnés que nous sommes, on a tous vu ces images sur le sable lorsqu’on se demande comment il fait pour tenir sur son engin sans mettre le pied à terre. C’est une technique bien à lui. Un génie ! Le seul à maitriser cet art à ce point. Peu importe les terrains, il apprivoise avec une rapidité déconcertante tous les sols. Il dompte son vélo. Il domine ses adversaires. La seule chose que Van der Poel ne contrôle pas, finalement, c’est sa filiation.
Un nom, une double histoire
Van der Poel, c’est un nom qui pèse son poids. Son père, Adrie Van der Poel, a remporté le Tour des Flandres et Liège-Bastogne-Liège, deux des plus belles Classiques du calendrier. Et parmi des centaines et des centaines de victoires, dans son palmarès figure aussi en gras un titre de champion du monde de cyclo-cross, acquis en 1996 à Montreuil.
Mathieu a appris à vivre dans ce monde-là. On l’y a préparé ou peut-être il s’y est préparé, tout seul. Quand le plus généralement, les grand-pères racontent à leur petit garçon des histoires de cow-boys ou de chevaliers en mangeant des crêpes au sucre que la grand-mère a fait pour le goûter, son papy à lui racontait l’histoire du plus beau duel qu’ait connu le cyclisme… « La légende de l’éternel second du Tour contre Maître Jacques Anquetil… ». Cette légende née d’exploits inachevés et d’infortunes rencontrées, c’est marrant, mais ça sent le vécu… Et pour cause, le grand père de Mathieu n’est autre que Raymond Poulidor.
Les connaisseurs savent depuis longtemps que ce gamin est encore bien plus fort que ses ascendants. « Poupou » lui-même a vu très tôt que le fils de sa propre fille était un prodige. Il paraît qu’à cinq ans, on devinait chez Mathieu une maîtrise qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Chaque année qui ont suivi, il n’a fait que confirmer. Il y a six ans, Van der Poel a même remporté les trente cyclo-cross auxquels il a pris part : une régularité pareille, au-delà d’un certain niveau, c’est de l’art.
Le plus talentueux de l’Histoire ?
Les éloges tourbillonnent autour du prodige. Il se distingue des autres. Il survole la discipline de toute sa classe. Même sur route, il se distingue : en 2013, il est sacré champion du monde Junior sur route. Et un an et demi plus tard, à 20 ans tout juste, il devient le plus jeune champion du monde de l’histoire du cyclo-cross. Alors que le cyclo-cross lui appartient, il ne semble même pas mesurer le poids qui pèse sur ses épaules. Van der Poel joue…
Ce qui le caractérise c’est cette impression de sérénité, ce détachement vis-à-vis de l’exaltation que suscite son histoire. « Je me concentre juste sur le plaisir » ce sont ses mots. Mathieu Van der Poel s’amuse.
Et demain ?
Demain, c’est demain au sens propre. Lendemain de championnat du monde qui marque aussi la fin d’une saison parfaitement bien remplie avec un carnet de notes qui offrirait les félicitations du jury. Mais demain c’est aussi l’après. Mathieu Van der Poel a (presque) tout gagné dans sa discipline. Alors qu’est-ce qu’on peut imaginer pour lui ? « Mon avenir ? Je veux d’abord aller aux Jeux olympiques en VTT et, ensuite, je me dirigerai vers la route ». Son grand-père dit qu’il peut gagner le Tour. Mathieu en tous les cas a déjà tracé sa carrière. Et jusqu’ici, elle a été sans faute. Alors…
Aujourd’hui, c’est lui le champion national pro dans toutes les disciplines route, VTT et cyclo-cross.
Dans un cyclisme moderne où il convient de choisir sa discipline, il semble impossible de jouer sur tous les tableaux. Route, cross ou VTT, il va falloir choisir. Pourtant, sa légitimité, Mathieu l’obtient sur son vélo. Aujourd’hui, c’est lui le champion national pro dans toutes les disciplines route, VTT et cyclo-cross.
À chaque fois que Mathieu Van der Poel ouvre une parenthèse, ça se concrétise par un succès. Il valide toutes les épreuves avec la puissance d’un homme qui connaît tout du milieu et des principes. Là où ce sont habituellement les directeurs sportifs, les sélectionneurs, les organisateur ou même le calendrier qui détiennent le pouvoir et le choix des carrières, lui, Mathieu Van der Poel, il fait encore ce qu’il veut…
Palmarès (extrait) |
Cyclo-cross Champion du monde Junior 2012/2013 |
Route Champion du monde Juniors 2013 |
VTT 3e du championnat du monde 2018 |
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