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Il y a moins de trois ans, Samuel Lebouc n’avait jamais roulé plus de 10 km à vélo d’un seul coup. Il est aujourd’hui l’un des piliers du peloton le plus rapide autour de l’anneau de Longchamp, le fameux Fast Pack, où il a accumulé plus de 23 000 km en 2018 malgré une fracture du fémur. Et toujours en pignon fixe. Retour sur le parcours de Black Metal Rider, un cycliste Rock and Roll.
Par Guillaume JUDAS – Photos : DR
Samuel Lebouc a découvert le vélo d’une manière assez originale : « J’habite dans Paris et je me servais peu de ma voiture. Un jour elle s’est retrouvée à la fourrière. J’ai décidé de l’abandonner là, et de me mettre au vélo pour les déplacements du quotidien. Nous étions au printemps 2015. » Ce prof d’Anglais métalleux de 34 ans looké comme un hipster, barbu, tatoué et identifiable avec sa longue tresse, commence avec un vélo hollandais, un guidon droit et une grosse selle. Pratique, mais pas très fun. Très vite un ami lui parle de machines plus simples et épurées. Il découvre ainsi le vélo single speed du type de ceux utilisés par les coursiers à vélo dans les grandes villes. « Les sensations ont été tout de suite très différentes, reprend-il, avec cette impression de faire corps avec la machine. Moins lourds, plus maniables, les vélos à pignon fixe sont très agréables au milieu de la circulation. Je me suis pris de passion pour le matériel, montant plusieurs vélos avec des pièces que j’achetais ici et là et que je revendais ensuite. Mais sans modifier ma pratique. »
Brutal
Au début de l’été 2016, il entend parler d’une course de pignon fixe, un Crit’ comme on dit dans le milieu, qui doit se dérouler au Cours Floral de Vincennes. Il lui reste quatre semaines pour s’entraîner et découvre le circuit de Longchamp, ses us et coutumes, et son petit peloton de furieux qui roule certains soirs à 45 km/h de moyenne sur une heure et demi, lui qui n’avait jusque là jamais dépassé 10 km en une sortie et avait arrêté le sport à 16 ans. Une vraie découverte. Il progresse vite, mais pas suffisamment pour la course. Le choc est brutal, bien plus encore que les quelques séances qu’il a partagées au sein des pelotons de Longchamp, plus ou moins rapides.
Il n’est pas au niveau aussi bien physiquement que techniquement. Il est dépassé. « Je ne me suis pas découragé pour autant, et j’ai pris le taureau par les cornes. Je me suis mis à partir de cet été-là à beaucoup rouler, à faire évoluer mon matériel, mais toujours en pignon fixe. » Régularité et assiduité portent leurs fruits. Il communique, discute, apprend, s’ouvre aux autres pratiquants. En quelques mois, il devient l’un des membres incontestés du Fast Pack (peloton rapide à Longchamp), et qui mélange coureurs à l’entraînement, triathlètes et de rares adeptes du pignon fixe. Il n’envisage déjà plus sa vie sans le vélo.
Un leader d’opinion
Au début de l’année 2017, il découvre Strava et commence à partager le bilan de ses sorties et à observer l’activité des cyclistes qu’il croise sur l’anneau parisien. Naturellement communiquant, il s’intéresse à toutes les formes de pratique, même si la sienne est un peu extrême. Il monte même un club (Suicidal Urban Riders), où se côtoient virtuellement des adeptes du vélo sportif dans les grandes villes du monde entier.
Sa personnalité séduit autant que son look original, qui le rend facilement identifiable.
Sa personnalité séduit autant que son look original, qui le rend facilement identifiable. Il donne son avis sur la mode cycliste et s’inscrit rapidement comme leader d’opinion avec ses 1500 suiveurs sur le site communautaire et la création de tenues à l’effigie du club. Loin de se radicaliser, il s’ouvre à d’autres façons de pratiquer le vélo. « Le pignon fixe me limite à Longchamp, où j’ai fait plus de 23 000 km cette saison, mais je souhaite découvrir rapidement d’autres horizons, et ça passe par le vélo avec un dérailleur. J’ai roulé en ville, sur l’anneau de Longchamp et même sur piste à Vincennes. Mais il me tarde de découvrir les bosses de la vallée de Chevreuse ou du Vexin, puis plus tard pourquoi pas me lancer sur un événement comme l’Étape du Tour. Je respecte toutes les pratiques, du cyclotourisme aux courses pros, en passant par les coursiers en vélo dans Paris. Le vélo apprend rapidement l’humilité, car on peut croiser aussi bien des cinquantenaires que des jeunes de 18 ans qui ont des watts et qui vous font mal aux jambes. Pour moi, l’essentiel c’est de rouler, et ceux qui font des sacrifices pour cela, le soir l’hiver ou sous le mauvais temps sont tous remarquables. »
« Le vélo apprend rapidement l’humilité, car on peut croiser aussi bien des cinquantenaires que des jeunes de 18 ans qui ont des watts et qui vous font mal aux jambes. »
Juste une parenthèse
Surtout quand on prend conscience d’un environnement qui impose aussi une certaine prudence. S’il a déjà goûté plusieurs fois au bitume, par imprudence ou à cause de celle des automobilistes, son dernier accident le laisse en septembre 2018 avec un fémur fracturé. Le début de plusieurs semaines de rééducation. « Je vois le vélo comme l’aventure d’une vie. J’ai des tas d’autres projets dans le domaine. Et mon retour en forme ne sera qu’une étape de plus, affirme-t-il avec conviction seulement quelques jours après l’accident. » Il remonte ainsi en selle le 1er novembre sur home trainer, et y accumule 1700 km en six semaines, avant de retrouver la route et le circuit de Longchamp peu avant la mi-décembre. Pressé de retrouver le peloton des courageux qui tournent le soir à la pile et de défendre ses KOMs à Lonlon chèrement acquis. Black Metal Rider is back !
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